Sans rire, avec sérieux, rigueur, éthique et radicalité.

En cette période, historiquement inquiétante et inéluctable, les médias de presse que sont Marianne et Libération ont publié mi juin, un article qui a créé de l’incompréhension pour certain·es lecteur·ices et de l’adhésion chez d’autres. 

Ariane Mnouchkine, metteuse en scène, fondatrice du théâtre du soleil et un référence pour beaucoup, questionnait : 

« Qu’est ce qu’on n’a pas fait? Où fait que nous n’aurions pas dû faire? »

… 

« Une partie de nos concitoyens en ont marre de nous : marre de notre impuissance, de nos peurs, de notre narcissisme, de notre sectarisme, de nos dénis. J’en suis là. Une réflexion très sombre, incertaine et mouvante. » 

Propos tenus par Ariane Mnouchkine. Artcicle à lire en entierici

Ce « nous », Ariane Mnouchkine l’adresse aux artistes en règle générale.

Mais nous, à la direction artistique, administrative et légale de la Cie Augustine Turpaux; entouré·es par les équipes de comédien·nes, les allié·es graphistes – céramiste·s – plasticien·nes, inspiré·es et soutenu·es par les camarades et compagnon·nes de luttes; qui oeuvrons tou·te·s dans l’ombre, nous affirmons tout l’inverse. 

Quand nous sommes en Itinérance Théâtrale avec la Cie; soutenue par des personnes en poste dans des DRAC nous assurant notre liberté de créer; nous nous sentons puissant·es, humbles, inclusif·ves, travailleur·euses et consicent·es de la polarisation qui progresse depuis nos débuts, il y a 10 ans.

Pendant ces 8 jours d’itinérance, en dehors de nos conforts personnels, acquis individuels et créatifs, nous nous mettons en relation avec nos concitoyen·es pour élaborer avec elleux des représentations possibles d’avenirs plus équitables, moins clivants et plus apaisés. 

Ce n’est pas toujours facile, ni rapide, ni assuré, ni rassurant mais c’est aussi joyeux, honnête, accueillant, vivifiant, sincère, réconciliant et passionnant. 

C’est cette réalité à laquelle nous nous adaptons à chaque instant.

Cette réalité complexe, faite de récits pluriels parce que libres, rageurs parce qu’abîmés, construits parce que curieux, déconnectés parce que mal informés, riches parce qu’intergénérationnels, contrits parce qu’invisiblés ou rabaissés, sensibles parce qu’aimés, ambitieux et confiants parce que chargés d’espoir. Tous sont à respecter, sans que nous ne les validions systématiquement dans notre fort intérieur d’humain·es et d’artistes en porosités avec nos semblables aux boussoles divergentes.

Nous avons commencé ce projet avec la thématique des « Peurs Sociales et Intimes ». 

Sans rire, avec sérieux et rigueur, avec éthique et radicalité. Parce que nous pressentions que la réalité actuelle cavalait déjà, à bas bruit, à l’assaut de notre démocratie. Nous voulions les rencontrer ces peurs pour les voir incarnées, les comprendre et chercher des réparations à l’œuvre ou en germe.

L’art peut bonifier les intimités et la société.

Le théâtre a ce pouvoir par les mots, de mettre en contact des personnes qui ne se connaissent pas et qui ne se seraient peut-être jamais rencontrées. Le théâtre crée un lien invisible : l’empathie et le sentiment d’appartenir à une même humanité multifacette. 

Depuis la sortie de la crise sanitaire, nous avons changé de thématique, tant elle collait à la peau et aux esprits de chacun·es. 

Nous jouons aujourd’hui avec « Réalité(s) et imaginaire(s) ».

Sans rire, avec sérieux, rigueur, éthique et radicalité. 

Parce qu’il nous en faut des imaginaires à réinvestir et des représentations en évolutions à intégrer à nos récits, pour contrebalancer le marasme et le repli sur soi.

Parce que les utopies sont censées rester des objets intellectuels abstraits et surtout, surtout irréalisables, nous continuons pourtant à construire à plusieurs, ce projet concret, simple, transgressif et radical qu’est le théâtre que nous menons notamment en itinérance. 

En juillet nous serons en Isère du 1 au 8 juillet 2024, puis du 12 au 19 juillet 2024 dans le Jura. 

Merci au DRAC AURA et BFC pour leur confiance et leur aide à nous rémunérer. 

Les politiques bafouent le service public mais celui-ci agit pour le bien commun, soutenons le. 

L’été sera chaud mais nous serons là pour résister et continuer à réaliser notre utopie d’artistes, en action et en recherche collective d’avenir salutaire pour tou·te·s.

Gros bisous et ✊

Anne-Sophie, Louis et Lionel 

Cie Augustine Turpaux.

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